Bien qu’originaire de Californie et faisant partie des musiciens de la Côte Ouest des États-Unis, c’est sans doute son passage sur la Côte Est à New-York qui a été musicalement décisif pour Julian Pollack. Il fera le grand voyage plein Est, de Los Angeles à Opio, pour nous présenter son tout nouveau projet « Soul & Circuitry! » en trio.
Julian a grandi dans une famille très musicale – sa mère, Susan Waterfall, est pianiste de concert et musicologue, et son père, Allan Pollack, est saxophoniste et chef d’orchestre. Il a commencé le piano avec sa mère à l’âge de cinq ans, et vers dix ans, il étudiait déjà le jazz avec Susan Muscarella à la Jazzschool de Berkeley (Californie). Premiers coups de cœur : les Beatles, Son père lui fait découvrir le jazz vers neuf ans avec deux disques : West Side Story du Oscar Peterson Trio et Giant Steps de John Coltrane. Il a eu aussi la chance de grandir dans la région de la baie de San Francisco, avec une super éducation musicale : Crowden School, axée sur la musique classique, puis la Berkeley High School, un endroit incroyable qui a formé plein de grands noms comme Joshua Redman, Benny Green, Ambrose Akinmusire, Thomas Pridgen ou encore Justin Brown.
Cap à l’Est ensuite : Julian poursuit ses études à la New York University et a l’opportunité d’étudier avec des mentors comme Kenny Werner, Jean-Michel Pilc ou John Scofield, et il collabore alors beaucoup avec des compositeurs du département classique, ce qui a vraiment élargi sa vision musicale. Cette influence classique est toujours très présente dans sa manière de composer et d’improviser. Être à New York a été tout aussi important. Aller à des jam sessions, voir des concerts de dingue… c’était une vraie école de la scène. Julian est d’ailleurs resté six ans après ses études, et c’est à ce moment-là qu’il a commencé à s’immerger dans le monde des claviers et des synthés, avec des rencontres musicales comme Big Yuki, Nicholas Semrad, Jason Lindner, Christian Almiron ou Cory Henry. Julian est devenu accro au sound design et à la musique électronique.
Pour son nouveau projet « Soul & Circuitry! » présenté à Opio, l’idée de départ était de réunir deux mondes, l’acoustique et l’électronique. Depuis environ cinq ans, Julian rêvait de fusionner la sensibilité et la finesse d’un trio jazz avec les textures viscérales et multidimensionnelles de la musique électronique. Soul & Circuitry est l’aboutissement de cette vision. Le processus de création était assez complexe. Les morceaux commençaient souvent de façon très traditionnelle – papier, crayon, et griffronnage des grilles d’accords au piano. Ensuite, il a fait des arrangements, enregistré des versions live, puis il est passé à une phase de postproduction avec du sound design. Pour Julian, c’est comme peindre par couches, chaque étape rajoute de la profondeur. Un des défis les plus excitants a été de transposer tout ça sur scène. Il joue ces morceaux avec son trio — Riccardo Oliva à la basse et Gianluca Pellerito à la batterie, deux musiciens venus d’Italie. Reproduire en live la richesse du studio tout en gardant quelque chose de vivant et organique, c’est un vrai challenge… mais super gratifiant.
Nous vous recommandons l’excellent article consacré à J3PO dans le numéro 378 de la revue KR Home Studio dont avons repris ici de larges extraits, avec leur aimable autorisation. Jazz UP vous recommande la lecture de l’article entier si vous êtes intéressés par les équipements mis en oeuvre par Julian Pollack.
Pour aller plus loin nous vous livrons deux critiques de son dernier disque « Soul & Circuitry » parues dans Jazz Magazine de juillet dernier et dans le précédent numéro de KR Home Studio. Et pour terminer nous avons sélectionné quelques vidéos montrant la palette de styles que Julian Pollack maîtrise :
- une reprise de « Sly » d’Herbie Hancock,
- une réinterprétation de « My Favorite Things » que John Coltrane avait transformé en standard de jazz,
- et enfin, dans un tout autre genre, Prélude et Fugue n°3 BWV 848 de Bach qui aurait pu figurer dans la bande-son d’Orange Mécanique.